lundi 24 septembre 2007

L'eau menacée

C’est en lisant La Presse de samedi qu’il m’est venu l’idée du concept de « la nouvelle qui a attiré mon attention ». C’est dans ce même journal que j’ai puisé ma nouvelle. La Presse lançait alors son grand dossier sur l’eau qui se veut un portrait de la situation hydrographique du Québec. Je vous offre donc ici un petit résumé du sujet.

Le Québec compte près d’un demi-million de lacs et plus de 4500 rivières. Il peut s’enorgueillir de posséder le 25ième plus grand fleuve du monde et de renfermer 3% des réserves d’eau douce de la planète. Pourtant cette ressource de grande valeur ne semble pas recevoir toute l’attention qu’elle mérite. Pollution, érosion des berges, algues bleues, mercure, espèces envahissantes, espèces menacées… sont autant de problèmes qui menacent nos cours d’eau. Certains parlent même d’un bilan catastrophique. Est-ce encore une façon d’entretenir un climat de peur ou existe-t-il bel et bien des faits alarmants?

Sans vouloir être alarmiste, si les faits présentés dans La Presse sont véridiques, il y a de quoi se poser des questions. Bien que l’état du fleuve Saint-Laurent soit généralement meilleur qu’il y a 50 ans, de nouveaux problèmes pointent à l’horizon. L’eau se remplie peu à peu de nouveaux agents polluants, d’antibiotiques, d’hormones et de médicaments. Or les effets de ces substances sur la vie aquatique et même sur les humains sont encore inconnus. Y a-t-il un lien direct entre la présence d’hormones féminines (rejetées dans l’urine des femmes -à plus forte dose si elles prennent des anovulants- via le système de traitement des eaux usées) et la féminisation de certaines espèces aquatiques? En effet, on a noté la présence d’ovaires dans le sexe de certains poissons mâles près de Longueuil et Repentigny. Par ailleurs, dans certains affluents de la Yamaska, des biologistes ont découvert chez plusieurs spécimens de ouaouarons des testicules complètement vides! Peut-on croire que des problèmes aussi graves n’affecteront que les animaux et pas les humains?

Quant au manque d’oxygène, la situation n’est guère plus réjouissante. Depuis plus de 70 ans, les concentrations d’oxygène ont chuté de près de moitié dans l’estuaire du Saint-Laurent, ce qui cause de grands bouleversements chez les organismes et les poissons vivant dans ces zones. Selon Denis Gilbert, chercheur à l’Institut Maurice Lamontagne, « la situation est déjà dramatique pour certaines espèces ». L’apport massif de nitrates et de matière organique déversée dans le fleuve par l’érosion de ses berges, le lessivage des terres agricoles, les rejets d’eaux usées industrielles et municipales non traitées est l’une des causes principales de cette détérioration de l’écosystème fluvial.

Et il y a bien d’autres problèmes aussi graves que ceux-ci. Pourtant, le gouvernement ne les juge pas assez prioritaires pour prendre des mesures concrètes afin de contrôler ces problèmes. Encore une fois, on attendra que la crise éclate avant de réagir, comme dans l’épisode des algues bleues. En effet, ce problème ne date pas d’hier; la baie de Missisquoi – appendice du Lac Champlain- a connu le problème des cyanobactéries bien avant les années 2000. Alors pourquoi attend-on? Encore une fois il est question d’argent et au gouvernement l’argent est souvent bien plus important que la santé ou la préservation des ressources naturelles. Au cours des prochaines années, l’érosion des berges pourrait coûter des centaines de millions de dollars aux divers paliers de gouvernement. La ville de Montréal, à elle seule, a investit 126 millions en 2006 dans la réfection et l’entretien de son réseau d’eau et attend des subventions qui pourraient atteindre 300 millions. Avec de tels chiffres, on a raison de croire que le Québec a péché par l’abondance. Avec autant d’eau à notre disposition, il ne nous est jamais venu l’idée de croire que l’on pourrait en manquer. Bien entendu, nous n’en manquons pas, mais la qualité de cette eau est en chute libre. Et avec de tels coûts associés à ce problème, il est facile de croire que le gouvernement préfère fermer les yeux en se disant que la situation n’est pas si terrible et que le vrai problème, s’il ne s’efface pas tout seul, ce sera le prochain gouvernement qui aura à le régler alors que nos dirigeants d’aujourd’hui se prélasseront ailleurs sur une plage grâce à leur pension exorbitante qu’ils se seront votés.